La
belle époque
Après la grande
dépression des années 1880, la France connaît l'apogée de sa prospérité, de sa
puissance et de son prestige : un âge d'or précédant le carnage.
C'est, du moins, la vision
idyllique que se font les esprits après l'hécatombe de la Grande Guerre.
L'expression « Belle Époque » s'impose alors, estompant les
convulsions, les contradictions et les remises en cause d'une période qui a
accouché du XXe siècle.
Pour la definir on peut
dire que c’est le développement des modes de communications a permis une forte
hausse de la production nationale et les échanges mondiaux, exemple le
télégraphe, les routes avec l’apparition du macadam (goudron), le chemin de fer
(train à vapeur), transports fluviaux. Il y a en France un défaut de
productivité.
En moins de trente ans,
la France passe de l'âge du fer, du charbon et de la vapeur à celui de l'acier,
du pétrole et de l'électricité. Si la machine à vapeur est le symbole de la
première révolution industrielle, le moteur à combustion interne (Daimler,
1889 ; Diesel, 1893) et la dynamo sont ceux de la seconde. Car la
prospérité retrouvée est liée à de spectaculaires innovations technologiques
qui feront dire à Péguy, en 1913, que « le monde a moins changé depuis
Jésus-Christ qu'il n'a changé depuis trente ans » (l'Argent). De ce point
de vue, la Belle Époque est pionnière : premier moteur à explosion,
première automobile, premier film, premier aéroplane, premier essai de TSF,
premier réseau électrique...
De sorte que des commodités largement répandues
après-guerre sont, en 1900, des prodiges qui émerveillent les Français. Mais ce
sont des prodiges auxquels ils n'ont pas tous accès ; l'éclairage
domestique est encore largement tributaire de la bougie, du pétrole et, au
mieux, du gaz. L'Exposition universelle de 1900 voit sans doute l'illumination
par l'électricité de la tour Eiffel, et Paris devient la Ville Lumière ;
c'est toutefois plus une prouesse technique que la preuve des bienfaits dispensés
à tous par la « fée électricité ».
Électrique,
l'atmosphère politique et sociale de la Belle Époque l'est également.
Politiquement close en 1899, l'affaire Dreyfus l'est juridiquement en 1906,
mais elle a provoqué une profonde redistribution, voire une fixation durable
des comportements idéologiques et des doctrines au tournant du siècle :
deux France se trouvent clairement face à face, et pour longtemps.
À droite,
l'affaire marque l'acte de naissance d'un parti nationaliste, autour des ligues
et de l'Action française (créée en 1899), fort d'une doctrine élaborée
conjointement par Maurras et Barrès - qui mêle exécration de la démocratie
et antisémitisme, enracinement dans « le culte de la terre et des
morts » et exaltation des ardeurs bellicistes. À gauche, des regroupements
s'opèrent également, concrétisés par la création de deux grands partis :
le Parti républicain radical et radical-socialiste (1901) et la SFIO (1905).
Dénonçant l'« alliance du sabre et du goupillon », le Bloc des gauches
vote les lois sur les associations (1901) et sur la séparation des Églises et
de l'État (1905). Lutte contre le « parti noir » à gauche,
antisémitisme à droite : l'exacerbation des passions militantes trouvera
bientôt un exutoire dans l'exaltation belliciste.
«Belle
Époque», vraiment ? Cette expression a été inventée par les Français des
années 1920 pour qualifier avec un soupçon de nostalgie la période d'une
vingtaine d'années qui précède la Grande Guerre 14-18. Mérite-t-elle son nom ? Sans aucun
doute si l'on considère l'effervescence artistique, intellectuelle et
scientifique qui agite le pays et, dans des proportions diverses, le reste de
l'Europe.
Camille Vignolle.
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