La Restauration

La Restauration

 Le 5 avril 1814, Napoléon Ier est forcé d'abdiquer. L'Empire s'écroule et les Bourbons reprennent le pouvoir. Le frère de Louis XVI, Louis XVIII monte sur le trône.  Napoléon s'exile à l'île d'Elbe dont il devient l'Empereur. La Restauration de la Monarchie peut paraître rétrograde à cette époque, mais Louis XVIII tient compte des acquis et valeurs révolutionnaires et propose une Charte Constitutionnelle aux français. Celle-ci proclame l'égalité devant la loi, la liberté individuelle, de culte, d'expression et de presse. La Charte amène le Roi à "apprécier les effets des progrès toujours croissants des Lumières, les rapports nouveaux que ces progrès ont introduits dans la société, la direction imprimée aux esprits depuis un demi-siècle, et les graves altérations qui en sont résultées".

Deux assemblées discutent les lois : la Chambre des Pairs (nommés par le Roi), et la Chambre des députés élus au suffrage censitaire masculin (90 000 hommes pourront voter). Napoléon Ier souhaitant rétablir l'Empire accoste à Golfe-Juan et remonte le pays avec son armée. Il renverse la monarchie et remet l'Empire en place après avoir fait accepter à 99,67% des français une réforme du Régime.

Mais, défait à Waterloo, il est contraint au bout de Cent Jours à quitter le pouvoir. Louis XVIII revient et restaure... la Restauration. La Chambre des députés se remplit en masse de députés ultraroyalistes qui combattent férocement contre les libertés et les acquis révolutionnaires, ainsi contre les bonapartistes. Les "Ultras" veulent rétablir l'Ancien Régime et sont donc par conséquent opposés à la Charte Constitutionnelle. 
Ils s'opposent aux "libéraux" ou "indépendants", composés de républicains ou de bonapartistes qui luttent contre la monarchie et se battent pour un véritable régime parlementaire et libéral. 

        Les "constitutionnels" veulent une monarchie libérale, un régime enfin stable  géré par la Charte Constitutionnelle.

       En 1824, à la mort de Louis XVIII, son frère prend le pouvoir sous le nom de Charles X. C'est un "Ultra" farouche bien décidé à éradiquer républicains et bonapartiste et à rétablir la monarchie absolue. L'Église retrouve tous ses pouvoirs et privilèges. En Juillet 1830, le Roi use de l'article 14 de la Charte Constitutionnelle qui autorise le Roi à légiférer par ordonnance. Il suspend la liberté de la Presse et dissous la Chambre après avoir augmenté le cens et mis en place une série de mesures rendant difficiles le vote des plus pauvres. La nouvelle Chambre lui est donc plus favorable. 
Le décalage se renforce entre un État de monarchistes extrémistes et un peuple très marqués par les idéaux révolutionnaires. Désormais, la Révolution est inévitable. Les 27, 28 et 29 Juillet, journées appelées "Les Trois Glorieuses", les Parisiens renversent le Régime et Charles X doit s'exiler.

Les Trois Glorieuses


Pour les intellectuels et la haute bourgeoisie, la coupe déborde tandis que les journalistes donnent le signal de la rébellion le 26 juillet 1830. Après concertation, plusieurs journaux paraissent le lendemain, le mardi 27 juillet, malgré l'ordonnance, publiant en bonne place le même manifeste : Le Moniteur a publié enfin ces mémorables ordonnances, qui sont la plus éclatante violation des lois. Le régime légal est donc interrompu : celui de la force est commencé... L'obéissance cesse d'être un devoir... y affirme Adolphe Thiers, alors jeune journaliste. Le reste de l'article est un véritable réquisitoire contre les excès du pouvoir. Evidemment, la réaction ne se fait pas attendre : dès parution, l'imprimerie du National et celle du Temps sont envahies par la police et les presses placées sous saisie lorsqu'elles ne sont pas mises hors d'usage. Des attroupements se forment aux abords des journaux investis par les forces de l'ordre. Bientôt, la garde à cheval éprouve des difficultés à les contenir. L'émeute éclate aux abords du Palais Royal. Il s'agit de disperser les manifestants, sabre au fourreau mais le ton monte. Des coups de feu éclatent, des hommes tombent. La foule s’empare de l'Imprimerie Royale. Des casernes sont incendiées. A quatre heures de l'après-midi, l'état de siège est proclamé mais on ne veut rien dramatiser et la troupe regagne ses quartiers. On reste calme, du moins en apparence, à Saint-Cloud où Charles X fait sa partie de bridge habituelle ou plutôt de whist comme on appelle alors ce jeu de cartes.

Tandis que Saint-Cloud s'endort, on abat à Paris d'autres cartes, on prévoit d'autres mises qui feront, le jour venu, échec au roi. Pour la première fois, la haute bourgeoisie de la finance et de l'industrie qui, par les ordonnances de Charles X, se voit éliminée de la vie politique, se joint au peuple de la rue mais l’illusion de cette impossible fraternité sera de courte durée. La République est à portée de main mais une fois chassé Charles X, la bourgeoisie parisienne se contente de changer de roi tandis que la Presse, dont Le National, sous la plume de Thiers, soutenu par le vieux La Fayette, fait campagne pour le duc d'Orléans, chef de la branche cadette des Bourbons, fils de Philippe Egalité et qui deviendra Louis-Philippe 1er.
 L'espoir du peuple de proclamer la république est anéanti mais de son parcours politique avec la bourgeoisie qui l'a trompé à son unique profit, il en tirera tous les enseignements. Jamais plus, ouvriers et bourgeois ne parleront le même langage.

Les journées des 27, 28 et 29 juillet 1830 deviendront pour l’Histoire, les Trois Glorieuses. Les Parisiens ont chassé Charles X qui trouvera refuge en Angleterre puis en Autriche. Piètre résultat des barricades et de tout le sang versé – les chiffres, très incertains, évoquent plusieurs centaines de victimes – , la Révolution va accoucher de la Monarchie de Juillet qui, certes, rétablira le drapeau tricolore...
Maigre consolation que nous rappelle le tableau d’Eugène Delacroix : La liberté guidant le peuple. Place de la Bastille, la Colonne de Juillet commémore ce même événement survenu il y a tous justes 180 ans.


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